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Vins et vignobles d'Aquitaine

Les vins d'Aquitaine

A tout seigneur, tout honneur... Le Bordeaux ouvre la liste des délices liquides que l'on trouve en Aquitaine. Mais on n'en oubliera pas pour autant les vins du Béarn ou du Bergeracois, les corsés des Landes et les charpentés du Pays Basque, les Buzet, les Duras ou les Monbazillac qui se démènent dans l'ombre du plus prestigieux vignoble du monde, et n'aspirent qu'à démontrer leurs qualités discrètes.

Le Bordeaux. C'est la Gironde, donc (à qui l'apprendra-t-on ?) qui renferme le plus vaste et le plus connu des vignobles de vins fins du monde. Les 115 200 ha, dont 112 000 ha en AOC (Appellation d'Origine Contrôlée) plantés en vignes, produisent chaque année une moyenne de 6,6 millions d'hectolitres, soit 800 millions de bouteilles vendues. Le sol girondin est surtout riche de diversité. Le département compte 12 700 viticulteurs qui exploitent en moyenne 9 ha chacun, avec cependant un écart-type très important puisque certains propriétaires exploitent moins de 3 ha tandis que d'autres en alignent plusieurs centaines... Plus de 50 appellations différentes et des alliances de cépages minutieuses permettent de produire des crus de belle qualité. Ces vins ont toujours plu à nos voisins britanniques (entre autres) qui ont assuré leur notoriété au fil des siècles. Il ne semble pas prouvé, pour l'histoire, que les tribus gauloises installées en Gironde cultivaient déjà la vigne. Ce qui est certain, c'est que l'invasion romaine a développé le goût de nos ancêtres pour les vins italiens. Aussi décidèrent-ils de planter eux-mêmes des vignes afin d'assurer leur consommation. Durant tout le Moyen Age, le vignoble s'étendit et le commerce s'amplifia.

De grands navires quittaient le port de la Lune vers l'Angleterre et le reste de l'Europe. En 1461, Louis XI créa le Parlement de Bordeaux qui réunissait les plus grosses fortunes locales. Ces riches propriétaires allaient contribuer au développement du vignoble aux XVIIe et XVIIIe siècles. Durant tout le XVIIIe siècle, le commerce enrichit la Gironde et une sorte de frénésie poussa bourgeois et aristocrates à planter en Médoc, dans les Graves et en Saint-Emilionnais notamment. A cette époque, le quartier des Chartrons de Bordeaux battait son plein. C'est là que résidaient les négociants. Le XIXe siècle connut un nouvel âge d'or du vin qui entraîna la construction de prestigieux châteaux. Ces demeures empruntaient à diverses époques des bribes de styles architecturaux, ce qui donne un ensemble de constructions plutôt surprenant. Le siècle s'acheva néanmoins sur une violente attaque de phylloxéra qui obligea à arracher une grande partie du vignoble. Le fléau continua ses ravages durant le XXe siècle. Ce n'est qu'après la guerre que les vins retrouvèrent un nouvel essor.

Appellations et qualités multiples

Les vins de Bordeaux peuvent être répertoriés en grands terroirs viticoles au sein desquels on distingue 57 appellations officielles. Pour faciliter votre découverte des différents crus de la Gironde, on vous conseille de vous munir de quelques guides et prospectus indispensables, d'autant plus qu'ils sont gratuits et qu'ils sont disponibles dans tous les offices de tourisme et dans les maisons des vins.

Le Médoc. La région du Médoc ne produit que des vins rouges qui s'inspirent d'un sol d'une extrême pauvreté : la grave. Cette langue de terre borde l'estuaire de la Gironde et bénéficie ainsi d'un climat privilégié ignorant les écarts violents de température. Les cépages cabernet et merlot sont judicieusement assemblés pour donner un vin au bouquet floral et fruité lorsqu'il est jeune, capiteux et puissant pour un vin plus vieux. On distingue les appellations génériques (médoc et haut-médoc) et celles correspondant aux villes et villages où ils sont produits : margaux, pauillac, saint-estèphe, listrac, moulis, saint-julien. En tout, huit appellations distinctes composent le médoc.

La région des Graves et du Sauternais. En remontant la Garonne, toujours sur la rive gauche, s'étend l'aire des Graves (du nom de la terre qui recouvre le sol). Ses vins rouges sont souvent comparés aux médocs bien qu'ils possèdent des qualités propres : belle couleur rubis, sève marquée et bouquet délicat. De plus, ils ont une belle aptitude au vieillissement. Il faut également prendre le temps de découvrir les graves blancs, très riches en arômes et eux aussi d'excellents vins de garde.

Au sein de ce secteur qui va jusqu'à Langon, se situe l'appellation sauternes, autour de laquelle gravitent d'autres vins blancs, doux, qui possèdent des qualités intéressantes : barsac et cérons sur la rive gauche, loupiac, sainte-croix-du-mont ou cadillac, entre autres, sur la rive droite de la Garonne.

Quatre grandes appellations sont donc à distinguer :

Les appellations graves et pessac-léognan se sont rendues célèbres par quelques châteaux non moins célèbres tels que Haut-Brion, Pape-Clément et Carbonnieux. Le vignoble des Graves a 2 000 ans, ce qui en fait le plus ancien de Bordeaux. Sa superficie avoisine les 5 000 ha pour une production annuelle globale de 32 millions de bouteilles (22 millions de rouges et 10 millions de blancs).

N'oublions toutefois pas de citer les graves supérieurs que l'on peut qualifier de liquoreux. En 1987, les châteaux de communes les plus proches de Bordeaux se sont regroupés pour créer l'appellation pessac-léognan. Elle atteint aujourd'hui 1 200 ha sur les 5 000 de la région des Graves et produit près de 8 millions de bouteilles (80 % en rouges et 20 % en blancs secs). Les graves rouges se dégustent entre 16 °C et 18 °C sur les volailles, les viandes blanches, les fromages et les cèpes. Quant aux graves blancs, secs, ils se servent entre 8 °C et 10 °C à l'apéritif, sur un poisson grillé ou en sauce, une salade de coquillages ou une viande blanche.

L'appellation sauternes a atteint une renommée internationale grâce notamment à la notoriété de château d'Yquem. Seules cinq communes (Sauternes, Barsac, Fargues-de-Langon, Bommes et Preignac) ont le droit de porter la prestigieuse appellation, ce qui représente près de 2 000 ha de vignes pour une production annuelle moyenne de 5 à 6 millions de bouteilles. Mais ce nectar a des exigences draconiennes. Dans le Sauternais, on ne parle pas de vendanges, mais de cueillette, ce qui permet de récolter, par tris successifs, uniquement les raisins atteints de " pourriture noble ". De plus, les précieuses grappes ne peuvent être ramassées que par temps sec. On comprend mieux les rendements infimes de ces propriétés : un cep de vigne ne produit qu'un verre de vin alors qu'ailleurs, il fournit une bouteille. Les vins moelleux et liquoreux se boivent entre 8 °C et 10 °C à l'apéritif, sur des poissons fins en sauce, des viandes blanches et volailles, du foie gras, du roquefort et au dessert avec sorbets et tartes.

L'appellation cérons est beaucoup plus intime et n'englobe que 3 communes : Cérons, Illats et Podensac. Bénéficiant du même microclimat généré par le Ciron, du même terroir et de la même cueillette manuelle qu'en Sauternais, son vignoble produit logiquement un vin proche des sauternes qui vieillit tout aussi bien.

L'Entre-deux-Mers. Entre Dordogne et Garonne, le vaste terroir de l'Entre-deux-Mers est presque entièrement recouvert de vignes qui produisent essentiellement des vins blancs, secs, fort appréciés. Cette aire géographique de l'Entre-deux-Mers est aussi le berceau de vins blancs liquoreux, de rouges et bien sûr du clairet, un rosé à boire bien frais.

Les appellations entre-deux-mers (1 700 ha), entre-deux-mers haut-benauge (120 ha) et bordeaux haut-benauge (15 ha). Ces trois appellations font découvrir les grands vins blancs secs de la Gironde. Les vignobles remontent au XIe siècle avec l'édification de l'abbaye de la Sauve-Majeure. Les moines assurèrent la prospérité de la région en plantant des vignes. La tradition se poursuit aujourd'hui pour que l'on puisse encore déguster, de préférence jeunes, ces vins à la robe d'or pâle, fruités, élégants et savoureux. Ils sont les compagnons de prédilection des poissons, coquillages et crustacés, mais se révèlent aussi très bien sûr les charcuteries, la terrine de canard, les confits et à l'apéritif.

Les appellations cadillac (255 ha), loupiac (416 ha) et sainte-croix-du-mont (460 ha), situées sur les coteaux de la rive droite de la Garonne, s'inscrivent dans la zone prestigieuse des vins blancs, liquoreux obtenus, comme pour les célèbres sauternes, à partir des grains cueillis au fur et à mesure dès qu'ils sont attaqués par la pourriture noble... le champignon botrytis cinerea.

Cadillac a obtenu sa propre appellation en 1973, mais son vignoble est toujours inclus dans l'aire d'appellation des premières-côtes-de-bordeaux. Son vin blanc moelleux, grand favori des Hollandais et des Flamands, est élégant et aromatique avec du fruité et de la sève.

Loupiac est un tout petit terroir qui vit depuis des siècles au rythme de la vigne. Son délicat breuvage se déguste tout particulièrement en apéritif, sur les foies gras et les fromages (roquefort) mais également sur les poissons, les volailles et les viandes blanches.

En voisin du loupiac, le sainte-croix-du-mont devient particulièrement savoureux au terme de trois années de vieillissement en cuve ou en fût de bois.

Les appellations premières-côtes-de-bordeaux (3 320 ha) et côtes-de-bordeaux saint-macaire (46 ha). Sur la rive droite de la Garonne, les premières-côtes-de-bordeaux couvrent 37 communes et forment une étroite bande de vignobles, étalée sur 60 km, du Langonnais au nord de Bordeaux. On y produit des vins rouges et des vins blancs. Les premiers, très colorés, de bonne garde, accompagnent parfaitement les viandes rouges, les civets, la lamproie à la bordelaise et les fromages. Les seconds sont moelleux et se dégustent très frais, en apéritif ou lors d'un repas sur du melon, du foie gras, des viandes blanches ou des fromages à pâte persillée.

Les appellations bordeaux et bordeaux-supérieur. Outre les appellations précédentes, la région de l'Entre-deux-Mers est une grosse productrice de bordeaux et de bordeaux-supérieur qui sont d'ailleurs produits sur l'ensemble de la zone de délimitation des appellations contrôlées bordeaux.

De Saint-Emilion à Pomerol. Traversons la Dordogne pour nous rendre dans un autre terroir d'exception : le Libournais. Là encore, les appellations sont diverses même si le coeur de ce vignoble est Saint-Emilion et ses vins si riches.

Les appellations du saint-émilionnais. Sous ce terme très général, on peut regrouper six appellations d'origine contrôlée distinctes.

L'appellation saint-émilion et l'appellation saint-émilion grand cru s'étendent sur les communes de Saint-Emilion, Saint-Christophe-des-Bardes, Saint-Etienne-de-Lisse, Saint-Hippolyte, Saint-Laurent-des-Combes, Saint-Pey-d'Armens, Saint-Sulpice-de-Faleyrens, Vignonet et une partie de la commune de Libourne, et représentent une superficie de 5 200 ha et une production moyenne annuelle de 280 000 hectolitres.

L'appellation lussac-saint-émilion couvre une superficie de 1 400 ha pour une production moyenne annuelle de 85 000 hectolitres. Elle compte 215 propriétaires et récoltants.

L'appellation montagne-saint-émilion s'étend sur 1 500 ha et ses 250 propriétés produisent 95 000 hectolitres de vin par an.

L'appellation puisseguin-saint-émilion représente une superficie de 740 ha, une production moyenne annuelle de 45 000 hectolitres et 130 viticulteurs dont une cinquantaine de coopérateurs.

Enfin, l'appellation saint-georges-saint-émilion est la plus petite tant en superficie, 170 ha, qu'en production, 10 200 hectolitres annuellement.

Les huit autres appellations du Libournais. Les appellations côtes-de-francs et côtes-de-castillon se situent à l'est des appellations du saint-émilion et représentent une superficie de 3 300 ha. Les appellations pomerol et lalande-de-pomerol sont à l'ouest des appellations du saint-émilion et sont séparées par le cours d'eau la Barbanne. Elles couvrent à elles deux 1 900 ha de vignes qui donnent des crus aux bouquets et saveurs très particuliers et de qualité très régulière. Le petit terroir de Pomerol produit l'un des vins les plus chers du monde : château pétrus.

Les appellations fronsac et canon-fronsac se nichent au confluent de l'Isle et de la Dordogne sur une superficie de 1 100 ha de vignes (800 ha pour fronsac et 300 ha pour canon-fronsac). La production moyenne annuelle est de 600 000 caisses et les 170 propriétaires réussissent ici des vins aux saveurs épicées très caractéristiques.

L'appellation graves-de-vayres, sur la rive gauche au pied de la Dordogne, représente une superficie de 570 ha.

Enfin, l'appellation sainte-foy-bordeaux (190 ha) regroupe une vingtaine de communes localisées dans le prolongement de l'Entre-deux-Mers, au carrefour des départements de la Gironde, de la Dordogne et du Lot-et-Garonne. Moins connue que les autres appellations, elle génère toutefois d'excellents blancs et rouges ainsi que de légers et fruités blancs moelleux qualifiés de sauternes du Libournais.

Les vins du Blayais-Bourgeais. Les premières traces du vignoble de Blaye remontent à la conquête romaine. Au fil des siècles, la vocation viticole de la région s'affirme et c'est en pleine prospérité que le phylloxéra frappe à la fin du XIXe siècle. Cette catastrophe naturelle a pourtant un effet bénéfique puisque, contraints et forcés par la nature, les vignerons replantent de façon plus cohérente. C'est la renaissance du vignoble tel que nous le connaissons aujourd'hui. Glissons-nous donc jusqu'au nord de la Gironde pour découvrir successivement, les côtes-de-bourg et les côtes-de-blaye, des vins de qualité régulière, en constante progression et aux caractéristiques très diverses.

Les appellations blaye, côtes-de-blaye et premières-côtes-de-blaye couvrent les cantons de Blaye, Saint-Ciers et Saint-Savin et représentent 5 000 ha de vignes et environ 450 producteurs. Les sols, le climat et les cépages donnent une gamme de vins aux multiples arômes : les rouges, à déguster de préférence jeunes, acquièrent fruité et rondeur grâce au merlot, et caractère fleuri et épicé grâce au cabernet sauvignon et au cabernet franc. Du côté des blancs, à servir frais, la muscadelle donne son parfum de muscat, le sauvignon apporte fraîcheur et le colombard unifie les arômes des deux autres cépages.

L'appellation côtes-de-bourg couvre 3 700 ha sur 15 communes : Bayon, Bourg-sur-Gironde, Comps, Gauriac, Lansac, Mombrie, Prignac et Marcamps, Pugnac, Saint-Ciers-de-Canesse, Saint-Seurin-de-Bourg, Saint-Trojan, Samonac, Tauriac, Teuillac et Villeneuve. Plus de 600 viticulteurs réalisent une production annuelle moyenne de 230 000 hectolitres. La force des côtes-de-bourg, c'est d'être de grands séducteurs à tout âge de leur vie. Les rouges se marient admirablement avec les entrées, la cuisine légère, les poissons grillés, les tendres volailles, les grillades et tous les fromages. Les blancs, quant à eux, savent charmer à l'apéritif, avec un plateau de fruits de mer, sur les plats de poisson en sauce, les viandes blanches et les fromages frais.

Le Buzet. C'est sur 40 km de coteaux, disposés en croissant ouvert sur la rive gauche de la Garonne, que s'étire le vignoble de Buzet entre Toulouse et Bordeaux. Bordé au nord par la Garonne et au sud par la forêt des Landes, il couvre les terres de 27 communes retenues pour l'appellation et traversées par les affluents du fleuve. Créé il y a vingt siècles par les légions romaines, le vin de Buzet a traversé les âges parfois péniblement. Il eut bien à souffrir, ainsi, des invasions qui suivirent la chute de Rome. Il se reconstitua sous l'action combinée des seigneurs féodaux et du clergé. Pendant longtemps après cela, le vignoble fut aux soins des congrégations religieuses : prieurs de Buzet, cisterciens de Saint-Vincent, frères de Fonclaire. Jusqu'au XVIIe siècle, les pèlerins de Saint-Jacques trouvèrent du Buzet sur leur passage. Pendant des siècles, pour autant, le Buzet n'eut le droit de se forger une identité propre. Le décret protectionniste octroyé par Aliénor d'Aquitaine aux négociants et vignerons de Bordeaux tint ce vin lot-et-garonnais dans une sorte de colonie qui le voyait vendu sous l'étiquette du Bordeaux. L'abolition du privilège des Bordelais lui donna un beau départ, stoppé dans son envol au XIXe siècle par la malédiction du phylloxéra. Le vignoble réduit à néant fut replanté en cépages médiocres, hybrides dont la production était inutilisable par le négoce bordelais. Et puis, de toute façon, un décret de 1911 vint réserver l'appellation bordeaux aux seules vignes de Gironde, et Buzet, on l'a dit était en Lot-et-Garonne...

Suivirent les guerres et la morosité ambiante. Quarante années durant, le Buzet cuva son coma. Une petite étincelle de vie, entretenue par une poignée de vignerons amoureux, allait suffire à le ranimer... En 1946, un Comité de défense des vins de Buzet vit le jour. Sept ans après, huit communes virent leurs efforts gratifiés par l'obtention du label VDQS (côtes-de-buzet jusqu'en 1985). Le négoce, cependant, ne suivait pas.

C'est parce qu'il refusait de payer le VDQS plus qu'au prix d'un vin ordinaire que les producteurs de Buzet créèrent leur coopérative. Conscients de la nécessité de réintroduire des cépages qualitatifs, ils se fournirent dans le Bordelais en merlot, cabernet franc et cabernet sauvignon.

En 1967, le VDQS fut étendu aux 27 communes qui composent actuellement le terroir de Buzet. A force d'énergie et de débrouillardise, le vin gagna sa conquête, obtint finalement l'AOC en 1973 et recueille régulièrement les louanges des plus fins goûteurs. Les vins de Buzet ont la particularité de tous vieillir dans des barriques en chêne merrain venant de la forêt de l'Allier. Ce sont des vins généreux, souples, aux tannins finement boisés.

Les côtes du Brulhois. Surnommé vin noir du Sud-Ouest, le brulhois naît sur un terroir enserrant la Garonne entre Bordeaux et Toulouse et, plus précisément encore, entre Agen et Valence-d'Agen. Les documents historiques y mentionnent la présence d'un vignoble dès l'époque gallo-romaine. Mais c'est sous l'occupation anglaise, surtout, que sa culture s'est développée. En 1306-1307, on le sait, le Brulhois exporta via le fleuve quelque 48 000 hectolitres de vin. L'exode rural des XIXe et XXe siècles, toutefois, allait porter de lourdes atteintes à la culture de la vigne. Quelques îlots à forte densité de culture subsistèrent perpétuant les traditions viticoles, les coutumes et les fêtes bachiques jusqu'à ce que les efforts concertés de quelques vignerons aboutissent à la replantation des meilleurs terroirs. Les côtes du Brulhois sont désormais reconnues par une appellation d'origine VDQS (vins délimités de qualité supérieure).

Réparti sur 42 communes, pour la plupart au sud de la Garonne, le vignoble s'étire sur 250 ha. Les sols sont constitués de terrasses et coteaux fluviatiles parfois arides, souvent caillouteux et toujours très secs en été. La vigne du Brulhois mûrit ses fruits sur ces sols superficiels posés tantôt sur des sous-sols de gros cailloutis, tantôt sur des sous-sols argileux. Côté cépages, le quatuor de tête se compose de tannat, merlot, cabernets franc et sauvignon. S'y ajoutent également le cot et le fer servadou, cépages typiques par leurs arômes. Les rendements sont limités à 50 hl/ha.

L'Irouleguy. Accroché aux montagnes de basse Navarre, le vignoble d'Irouleguy a été implanté par les moines de l'abbaye d'Orreaga (Roncevaux). Classé en VDQS depuis 1953 et en AOC depuis 1970, le plus basque des vins ne cesse, depuis lors, de gagner en qualité. Constitué de parcelles pentues arrachées à la montagne, le vignoble est essentiellement cultivé sous forme de terrasses, tant les inclinaisons sont fortes (jusqu'à 60 %). Les rendements y sont très faibles, du fait des faibles densités et des conditions d'exploitation difficiles : environ 40 hl/ha, bien loin du maximum autorisé... Les vendanges sont exclusivement manuelles, ce qui permet de préserver toutes les qualités du raisin et de ne sélectionner que les meilleures grappes.

Les cépages utilisés en rouge et rosé sont le tannat et le cabernet franc, d'origine assez ancienne dans le vignoble, ainsi que le cabernet sauvignon, d'introduction plus récente. Les cépages blancs de l'appellation ont également une origine locale : gros manseng, petit manseng et courbu qui associent arômes de fruits exotiques et notes florales. La Cave des Vignerons du Pays basque vinifie et commercialise la majeure partie des vins d'Irouleguy, soit plus de 5 000 hectolitres répartis en rouges (60 %), rosés (30 %) et blancs.

Le Jurançon. Produit sur 1 000 ha de vignes plantées au flanc de coteaux pentus, face aux grandioses Pyrénées, le vin de Jurançon puise dans ses souches antiques son histoire royale. On se souvient notamment qu'au XIVe siècle, les princes de Béarn et le Parlement de Navarre introduisirent la notion de cru suivant la valeur des parcelles et firent, ce faisant, la première tentative de classement en France. En humectant, pour son baptême, les lèvres poupines du futur Bon Roy Henri, le Jurançon entra dans l'histoire. Depuis ce XVIe siècle-là, le vignoble a connu quelques avatars. Il récolte désormais les fruits d'une longue quête de qualité. Au sud, le sous-sol provient de sédimentations marines déposées avant et pendant la formation des Pyrénées. Au nord, les sols sont terriens : poudingue de Jurançon, argiles à graviers siliceux et galets calcaires mis en place pendant la formation des Pyrénées. Le climat, lui aussi, mêle les influences : montagnarde par sa rigueur (et ses gelées de printemps), océanique par sa douceur et la bonne répartition de ses pluies. Le bel été indien qu'on voit dans le Béarn, et puis le vent du sud permettent quant à eux, la pratique du passerillage, technique de surmaturation d'où sont issus les grands vins moelleux. Les cépages, pour finir, sont spécifiques et locaux. Le gros manseng (70 %) est le cépage de base des jurançons secs et des jeunes moelleux, le petit manseng (25 %), très apte au passerillage produit les grands moelleux de garde, les courbu, camaralet et lauzet (5 %) apportent une pointe aromatique épicée. La nature duelle des sols (marins au sud, terriens au nord) donne au jurançon une typicité qui s'accorde aussi bien avec les foies gras qu'avec les fruits de mer. La robe des jurançons secs est plus ou moins dorée, nuancée de vert. Les vins jeunes développent des arômes floraux (genêt, acacia et fruits de la passion). Ils se servent entre 8 °C et 10 °C et accompagnent bien les coquillages, crustacés, poissons grillés, au four ou en sauce. Plus vieux, ils développent des arômes d'amande grillée et de fruits secs. On les boit un peu moins frais (10 °C-12 °C) avec du saumon, de la truite de montagne, des pibales, des coquilles Saint-Jacques mais aussi en apéritif, en entrée ou avec charcuterie, omelette aux asperges, piperade ou fromage de chèvre. Les jurançons moelleux associent, quant à eux, la rondeur due au sucre et la fringance d'une pointe d'acidité. Ils ont tout à la fois douceur, nerf et charpente. Leur robe est or vert pour les plus jeunes et vieil or pour les plus vieux. Ils exhalent, au nez, des arômes de fleurs blanches, de miel, de grillé et de fruits confits. Vins d'ambre et de lumière, ils appartiennent à la prestigieuse famille des vins liquoreux de France. On les sert dès l'apéritif à 10 °C-12 °C puis avec le foie gras (mi-cuit de préférence...), le saumon fumé, mais aussi la viande blanche en sauce, le fromage de brebis des Pyrénées et le roquefort. Selon la sélection du raisin, la vinification et l'élevage, les vins de jurançon s'apprécient jeunes ou acquièrent la structure nécessaire à une longue garde. Mis en bouteille dans l'hiver qui suit la récolte, les vins jeunes sont à boire dans les 2 ou 3 ans pour profiter du fruit et de la fraîcheur. Elevés pendant 2 ans avant leur mise en bouteille, les grands vins sont aptes à un long vieillissement : 5 à 10 ans pour les secs qui acquièrent un bouquet de grande distinction, 15 à 25 ans et plus pour les moelleux qui deviennent de vraies liqueurs au bouquet puissant et somptueux.

Le Madiran et le Pacherenc du Vic-Bilh. Le Pacherenc du Vic-Bilh est une appellation confidentielle qui donne un vin blanc sec et un blanc moelleux. Beaucoup plus connue est l'AOC madiran qui offre un vin rouge très présent en bouche. Ses vignes s'étendent aux confins de trois départements : le Gers, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques où le Béarn tire bien son épingle du jeu.

Plantée par les Romains, cette vigne a survécu à toutes les invasions (Vascons, Arabes, Vikings...) avant d'être vraiment mise en valeur à partir de l'an 1000 par les moines bâtisseurs et viticulteurs de l'abbaye de Madiran.

Le Tursan et le Chalosse. Blotties dans les courbes de l'Adour sur les coteaux caillouteux et argileux, les vignes landaises bénéficient d'un climat ensoleillé. Les raisins y mûrissent paisiblement en développant les caractéristiques des cépages baroques, gros manseng, petit manseng, sauvignon, cabernets franc et sauvignon, ariloba, tannat, fer servadou ou egiodola utilisés pour la confection des vins de Tursan et Chalosse, blancs, rouges et rosés.

Les vignerons des deux appellations sont désormais unis sous le titre " Vignerons Landais " pour faire connaître la richesse vinicole de leur région et la qualité de leurs vins. Taille courte, conduites traditionnelles, traitements appropriés... tout est fait, dans le pays, pour favoriser naturellement la qualité. Chaque année, ainsi, les dates des vendanges sont décidées en fonction de la maturité des raisins. Les vins bénéficient ensuite de vinifications très soignées : les vins blancs sont débourbés à froid et profitent de fermentations basse température. Les rosés sont des vins de saignée obtenus par une courte macération suivie d'un pressurage rapide. Les rouges, issus de baies totalement égrappées sont vinifiés par cépages. Selon l'origine des raisins et l'âge des vignes, les macérations sont conduites pour donner des vins souples ou plus charpentés en fonction des gammes. On trouve dans les tursan et chalosse, des appellations d'origine vins délimités de qualité supérieure comme des vins de pays des Landes et des vins de pays des Terroirs landais qui méritent sans doute de sortir de l'anonymat. En 2011, le tursan a obtenu l'appelation AOC pour sa cuvée " Impératrice ".

Les vins du Bergeracois. Rare région viticole de France à produire autant de vins blancs que de vins rouges, le Bergeracois offre l'extrême diversité de ses treize appellations. Les vins blancs (montravel et bergerac) légers et fruités accompagnent parfaitement fruits de mer et poissons, les vins blancs, moelleux (côtes-de-bergerac, côtes-de-montravel et saussignac) se boivent jeunes et se servent aussi bien à l'apéritif que sur des poissons, voire des fromages. Les vins rouges (bergerac, côtes-de-bergerac) peuvent se consommer jeunes. Le pécharmant est un excellent vin rouge corsé et généreux. C'est un vin de garde qui accompagne les classiques de la cuisine périgourdine, ainsi que les gibiers et les viandes des menus périgourdins.

Parmi les vins blancs, bien sûr, le monbazillac est le plus renommé, puisque rien moins que l'un des plus célèbres vins liquoreux de France. Il se sert en apéritif ou avec le foie gras et les desserts. Il doit son bouquet particulier à la pourriture noble qui augmente la teneur en sucre des grains.

Bergerac. Rouge et rosé. Le cabernet sauvignon, cabernet franc, merlot noir, ou malbec qui entrent dans leur composition donnent aux AOC Bergerac rouges et rosés la finesse, la souplesse et le fruité. Ce sont des vins à boire jeunes. Blanc sec. Ce vin est issu de l'assemblage du sémillon, sauvignon, muscadelle, ondenc et chenin blanc. De robe claire et brillante, frais et au bouquet agréable, il se distingue par son attaque nerveuse et sa bonne longueur en bouche.

Côtes-de-bergerac. Rouge. Les cépages cabernet sauvignon, cabernet franc, merlot noir, côt ou malbec donnent aux côtes-de-bergerac cette intense couleur sombre. Structurés, ils présentent des arômes de fruits confits comme le pruneau et ont une excellente aptitude au vieillissement, jusqu'à 10 ans, selon les millésimes. Blanc. Les côtes-de-bergerac blancs se divisent en trois catégories : demi-sec, moelleux et doux, selon leur richesse en sucre. Les côtes-de-bergerac moelleux représentent l'essentiel de la production. Le sémillon est le cépage de prédilection pour ces vins à la robe dorée, qui allient remarquablement fraîcheur aromatique et rondeur en bouche. Ils peuvent se boire jeunes, mais prennent en vieillissant une ampleur remarquable. Monbazillac. Issue de l'assemblage de trois cépages, sémillon, sauvignon, muscadelle, l'AOC monbazillac est récoltée par des vendanges manuelles et tris successifs, pour ne choisir que les grains de raisin atteints de cette fameuse et miraculeuse pourriture noble. D'une fabuleuse couleur or qui fonce avec le temps, les vins de Monbazillac, particulièrement élégants, révèlent un bouquet puissant, aux arômes de miel, d'acacia et de pêche.

Montravel. Sémillon, muscadelle, avec une large prédominance de sauvignon, tels sont les trois cépages qui participent à l'élaboration des vins de Montravel. Les vins d'AOC montravel (blancs secs) sont aromatiques avec une généreuse structure en bouche. Ceux de l'AOC côtes-de-montravel sont moelleux, de grande complexité aromatique avec des notes florales. Enfin, le vin blanc moelleux de l'AOC haut-montravel est fin et suave, de très grande concentration.

Pécharmant. Cabernet franc, cabernet sauvignon ou malbec et merlot noir, tels sont les cépages qui participent à l'élaboration de l'appellation pécharmant. Le goût incomparable des vins de Pécharmant vient de la particularité de son sol dénommé sable et graviers du Périgord, qui renferme en profondeur une couche d'argile ferrugineuse appelée " Tran ". Le pécharmant est un vin de garde de grande typicité, au charme puissant, et de grande intensité aromatique.

Rosette. Essentiellement issue de l'assemblage de trois cépages, sémillon, sauvignon, muscadelle, l'AOC rosette est un vin blanc à la robe légèrement paillée. Moelleux, souple et rond, ce vin est élégant et rare.

Saussignac. Nés de l'assemblage du sémillon, sauvignon, muscadelle, ondenc et chenin blanc, les vins bénéficiant de l'appellation saussignac sont des vins blancs moelleux. Ces vins amples et riches, aux arômes d'acacia et de pêche, développent avec le temps un bouquet généreux et complexe.

Les côtes de Duras. La culture de la vigne, en fait, remonte à l'ère gallo-romaine et se développe depuis avec une discrète persévérance. Au fil des siècles, ainsi, on vit des personnages aussi célèbres que le pape Clément V, le roi d'Angleterre ou François Ier, saluer le nectar de Duras. En 1873, le phylloxéra détruisit une grande partie du vignoble. On raconte que dans la commune de Saint-Sernin, un viticulteur parvint à sauver ses vignes en les inondant. Le vignoble des côtes de Duras connut son apogée au XVIIIe siècle, le commerce des vins demeurant lié à celui de Bordeaux. Puis, la législation sur le vin se modifia peu à peu et donna naissance à la loi du 1er août 1905 portant la réglementation des mentions de l'origine des marchandises. En 1937, le vignoble des côtes-de-duras fut l'un des premiers à obtenir une AOC aujourd'hui accordée à 2 200 ha.

Dominé par le château des ducs de Duras, le pays de Duras bénéficie d'un climat moins pluvieux et plus chaud que celui du Bordelais. Les cépages nobles traditionnels s'y épanouissent dans les meilleures conditions. Le long du Dropt et de la Dourdèze, rivières qui traversent le canton, des alluvions anciennes et modernes ont permis le développement du maraîchage. Mais, ce qui domine, ce sont les sols d'origine marneuse ou molassique ainsi que des coteaux calcaires ou argilo-calcaires. Sur les molasses lessivées du Fronsadais ou de l'Agenais, les sols communément appelés boulbènes ont été plantés de cépages blancs. Le sauvignon permet d'obtenir d'excellents vins blancs secs particulièrement fins et fruités. Le sémillon et la muscadelle, cépages caractéristiques des vins liquoreux, permettent l'élaboration des vins blancs moelleux. Les cépages rouges ont été généralement réservés aux sols constitués d'argiles compactes mélangées de calcaires divers à astéries ou à résidus lacustres de l'Agenais ou du Monbazillac. Le merlot, cépage typique du Libournais voisin (Pomerol, Saint-Emilion) confère au vin sa souplesse et sa robe, le cabernet sauvignon, cépage du Médoc riche en tannins, permet d'élaborer des vins de garde, le cabernet franc apportant, enfin, les arômes caractéristiques de fruits rouges. Un assemblage subtil de ces cépages donne les arômes et les saveurs caractéristiques des vins de Duras.Les côtes du Marmandais. Comme bien des vignes aquitaines, celles des côtes du Marmandais sont apparues dès l'époque romaine sur les coteaux de bord de Garonne. Au Moyen Age, le mariage d'Aliénor avec Henri Plantagenêt, roi d'Angleterre, favorisa le développement du vignoble et le commerce du vin. A partir de cette époque, les côtes-du-marmandais permirent au négoce bordelais de répondre à la demande croissante des vins de Bordeaux. En 1907, la qualité du vignoble fut récompensée par l'obtention d'une médaille d'or au concours des vins de Paris. Mais les Bordelais renforcèrent leur protectionnisme et s'opposèrent à l'inclusion des vins du Marmandais dans la zone d'appellation Bordeaux. A la recherche de son identité, l'appellation poursuivit seule sa démarche. Les producteurs s'organisèrent, et leurs efforts sont récompensés en 1990, par l'octroi, par le ministère de l'Agriculture, de l'AOC. Le vignoble des côtes-du-marmandais s'étend, dans le Lot-et-Garonne, sur 1 500 ha répartis entre vingt-sept communes des rives droite et gauche de la Garonne. L'aire de production est constituée par l'ensemble des coteaux qui surplombent la riche plaine alluviale. La production des côtes du Marmandais est composée de vins rouges surtout, mais également blancs et rosés (répartis en 92 %, 9 % et 4 %).

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Date de dernière mise à jour : 23/02/2016