Aussi loin que l'on se souvienne, l'histoire de l'Aquitaine remonte à une époque plutôt ancienne (plusieurs dizaines de milliers d'années) où les hommes du Moustérien emménageaient dans des grottes dans la vallée de la Vézère (24). Mille pages ne suffiraient pas à raconter siècle par siècle les vicissitudes historiques qui secouèrent la région jusqu'ici.
De la Dordogne au Pays basque et des Landes au Lot-et-Garonne, les touristes curieux d'apprendre picorent les divers vestiges illustrant une histoire. Ils reconstituent, ce faisant, une chronologie palpable dont la trame raconte le rattachement à l'Empire romain par Publius Crassus, lieutenant de Jules César (56 av. J.-C.), la prospérité du Ier au IIIe siècle, l'occupation des Wisigoths (413), l'incorporation aux Etats francs par Clovis (507), l'invasion des Vascons (580).
La division de l'Aquitaine en deux principautés : duché d'Aquitaine et duché de Gascogne au XIe siècle, le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Louis le Jeune puis la dissolution de l'union et son remariage à Henri Plantagenêt (1152), le rattachement consécutif de l'Aquitaine à la Couronne d'Angleterre pour trois siècles, la guerre de Cent Ans (1337-1453), la victoire de Charles VII et la réintégration de l'Aquitaine à la couronne de France, les guerres de Religion, la transformation du Béarn et de la Navarre en fief protestant par Jeanne d'Albret (1560), l'incorporation du Béarn au royaume de France en 1620, l'autoproclamation de Bordeaux comme République autonome avec l'aide des Anglais en 1649, la fixation des dunes par l'implantation de pins dans les Landes par Brémontier en 1786, le déclin du XIXe siècle, mais le début des stations balnéaires, etc., jusqu'à nos jours.
Préhistoire
L'Aquitaine est peuplée depuis la préhistoire comme l'atteste, en personne, l'homme dit de Cro-Magnon dont on vint troubler le repos millénaire un jour de 1868... Comme beaucoup l'ignorent, donc, le premier Homo Sapiens répertorié sur la planète tire son nom d'un lieu-dit à deux pas des Eyzies dans le Périgord. C'est, autour de chez lui, toute la vallée de la Vézère (24) qui attire les foules en quête d'origine. Tout entière classée au patrimoine mondial par l'Unesco, elle abrite le berceau de notre espèce comme l'affirment les spécialistes.
Une balade en Dordogne, ainsi, nous catapulte dans le passé jusqu'à atteindre le Paléolithique, quelque 200 000 ans en arrière. La Dordogne recèle, en fait, des milliers de gisements préhistoriques et près de la moitié des grottes ornées connues en France. Lascaux II (le fac-similé de Lascaux ouvert à la visite), la grotte de Rouffignac, le village troglodytique de la Madeleine, l'abri préhistorique du Cap Blanc à Marquay, les gisements de Laugerie-Basse, les abris sous roche de La Roque-Saint-Christophe ou les grottes de Font-de-Gaume sont autant de joyaux illustrant la richesse de l'héritage régional.
Avec moins de foisonnement, les autres départements aquitains présentent également leurs souvenirs. En Gironde, la grotte de Pair-Non-Pair est une des plus remarquables grottes ornées du début du Paléolithique supérieur.
Découverte à la fin du XIXe siècle, elle est le seul site préhistorique visitable dans le département. La découverte de nombreux outils en os, de silex et des restes osseux d'animaux atteste une occupation du site s'échelonnant du Moustérien (-80 000 ans) à la fin du Périgourdien supérieur (-18 000 ans). Dans les Landes, un musée de la Préhistoire présente à Brassempouy l'exposition des fouilles des grottes du Pape et des Hyènes où l'on découvrit la dame éponyme (de Brasssempouy), sculpture de visage féminin vieux de 25 000 ans.
Dans le Lot-et-Garonne, la grotte de Lastournelle présente des concrétions spectaculaires tandis que près de celles de Fontirou (Castella), un parc préhistorique reconstitue la plus importante collection d'animaux préhistoriques grandeur nature (mais pas vivants...) d'Europe.
Un circuit pédestre accessible à tous rappelle, dans un décor naturel, l'histoire du monde de 4,6 milliards d'années aux hommes du Néolithique : les premiers amphibiens, les poissons du Dévonien, les grands dinosaures jusqu'à leur extinction (le plus grand brachiosaure du monde : 14 m de haut et 30 m de long...), les premiers reptiles volants, les premiers oiseaux, les grands mammifères, l'évolution de l'Homme. Dans les Pyrénées-Atlantiques, enfin, les grottes de Sare, d'Isturitz et d'Oxocelhaya (Saint-Martin d'Arberoue) portent des traces d'arts rupestres.
Antiquité
Les vestiges gallo-romains. Un peu éparpillés, les souvenirs gallo-romains sont également nombreux en Novempopulanie (le pays de neuf peuples qu'on connaissait alors).
En Dordogne, on verra la tour-temple de la déesse Vésuna à Périgueux, ainsi que des villas extraordinaires comme celle de Montcaret (IVe siècle) dotée d'une salle à manger chauffée par hypocauste et ornée de mosaïques inoubliables aux motifs géométriques ou aquatiques.
En Gironde, d'antiques ruines sont visibles à Bourg et à Bordeaux (palais Gallien), on a mis au jour à Plassac une villa aux mosaïques remarquables.
Dans les Landes, Dax figure le type même de la cité lacustre créée par les Romains. La toute petite partie des remparts qu'elle a conservée était qualifiée par les archéologues du siècle dernier de " type le plus beau en France d'enceintes gallo-romaines ", Sordes l'Abbaye réserve la surprise des vestiges de sa belle villa gallo-romaine avec thermes et bel ensemble de mosaïques du IVe siècle, à Sanguinet, enfin, le lac livre petit à petit les temples, routes et ponts romains, habitats et camps protohistoriques et autres pirogues abandonnées par des pêcheurs sur les bords d'anciennes rivières.
Moyen-âge
Le Moyen Age des bastides. Alors que le mot désignait d'abord un ouvrage militaire ou une ville fortifiée, il prend au XIIIe siècle le sens d'habitat nouvellement construit (nova bastida). Répondant à un aménagement volontaire, les bastides visent à regrouper la population dispersée, à multiplier les échanges commerciaux et à se protéger, le cas échéant.
Dans la première partie du Moyen Âge, en effet, les villes étaient construites sans planification architecturale autour de l'église, attestant de l'importance de la vie spirituelle. La place centrale de la bastide est au contraire un espace voulu commercial (foires et marchés s'y tiennent), civique et municipal (la maison du Sénéchal ou celle du Gouverneur ont pignon sur la place). L'église, elle, s'élève à un angle de la place pour manifester le recul du pouvoir spirituel (le clergé), sur le pouvoir temporel...
Les visiter procure souvent une impression plaisante d'anachronisme. Des 315 bastides actuellement répertoriées en France, plus d'un tiers est situé dans la région. Le Haut-Agenais : Dordogne et Lot-et-Garonne recèle, en la matière, des trésors nommés Montflanquin, Monpazier, Domme, Beaumont, Villefranche-de-Périgord, Issigeac, Vianne ou Villéreal. Mais les Landes ont Geaune, Grenade-sur-l'Adour, Saint-Justin, ou La Bastide-d'Armagnac, la Gironde a Blasimon, Cadillac, Créon, Libourne, Monségur, Pellegrue ou Sainte-Foy-la-Grande, et les Pyrénées-Atlantiques abritent Sauveterre-de-Guyenne, Labastide-Clairence, Aïnhoa, Navarrenx ou Sauveterre-de-Béarn...
De la Renaissance à la Révolution
Le pays de cocagne. La fin de la guerre de Cent Ans marque le début de l'intégration française, en 1462, après 10 années de punition de Bordeaux. Louis XI y crée un Parlement et libère son commerce. L'usage du gascon est alors interdit dans les actes officiels à Bordeaux.
Le temps des mousquetaires. 1615 : Louis XIII vient à Bordeaux pour épouser Anne d'Autriche, infante d'Espagne, mais doit repartir sous escorte pour parer aux huguenots, hostiles à sa politique fiscale. Les troupes de Louis XIII reviennent prendre Nérac, Coutras, Bergerac et le bordelais. Après des années d'épidémie (peste) et de disette, les croquants révoltés contre l'augmentation des taxes sont écrasés à La Sauvetat du Dropt en 1637.
1648 : Pour pouvoir faire la guerre contre les Autrichiens, Mazarin avait levé de nouveaux impôts. Le Parlement de Bordeaux mène la Fronde en Guyenne contre l'absolutisme royal, Condé traite avec l'Espagne et lève des troupes en Guyenne, mais se rend en 1649. Issu de cette Fronde parlementaire, un gouvernement révolutionnaire communal, l'Ormée, s'installe à Bordeaux en 1651. Turenne qui a restauré l'autorité du roi à Paris fait capituler Bordeaux en 1653. En 1659, le traité des Pyrénées (signé à l'île aux faisans sur la Bidasoa) met fin à la guerre avec les Espagnols et rattache le Roussillon et la Cerdagne à la France (depuis, les frontières avec l'Espagne n'ont pas bougé).
En 1660, Louis XIV vient se marier à Saint-Jean-de-Luz. L'embouchure de l'Adour est stabilisée. Fortification de Bayonne et construction de Mont-Louis (Pyrénées catalanes) par Vauban.
De la Révolution au XXIe siècle
La Révolution et l'Empire. Avec un temps de retard (le Sud-Ouest est à une bonne semaine à cheval de la capitale), la région suit la révolution parisienne ; Bordeaux est girondine par définition.
1789 : des bandes de paysans armés brûlent des châteaux pour détruire les droits des seigneurs consignés dans leurs archives.
En 1793, Tallien vient instaurer la Terreur à Bordeaux, puis l'arrête sous l'influence de son amie Thérésia Cabarrus.
En 1808, les troupes de Napoléon passent par Bayonne (et par la Catalogne) pour imposer le blocus continental au Portugal et pour placer le frère de Napoléon sur le trône d'Espagne. Développement du tabac dans le Sud-Ouest.
Maine de Biran (né à Bergerac, 1766-1824) écrit ses oeuvres philosophiques.
Restauration et Second Empire. En 1814, l'armée anglaise passe les Pyrénées et prend Bordeaux. Biarritz devient un lieu de villégiature du Second Empire grâce à l'impératrice Eugénie.
Entreprises à la fin du XVIIIe par Brémontier, les plantations de pins sont étendues pour assainir les Landes, et surtout les grands crus de Bordeaux sont définis, permettant d'asseoir une renommée mondiale.
IIIe République. Bordeaux devient provisoirement capitale de la France en 1871. Avec l'instauration de la IIIe République, Bordeaux cesse de battre monnaie pour les particuliers.
1906 : la ré-instauration du congé dominical aide au démarrage du football-rugby. C'est la naissance de l'ovalie dans le Sud-Ouest.
Déclin démographique, migration pour devenir fonctionnaire à Paris. " Le Nord travaille, le Sud gouverne " se console-t-on parfois...
1915-17 : transfert dans le Sud-Ouest, loin du front, des industries d'armement, textiles (habits militaires), chimiques (explosifs) et aéronautiques (Latécoère).
Dans l'entre-deux-guerres, installations d'immigrants belges, italiens, espagnols (l'agriculture qui s'est peu modernisée a besoin de bras).
1940 : Bordeaux redevient très provisoirement capitale de la France. Durant la Seconde Guerre mondiale, la région est coupée par la ligne de démarcation durant deux ans, avant d'être totalement occupée par les Allemands en 1942. Le Sud-Ouest est libéré par les résistants en 1944.
L'après-guerre. 1964 : création des régions administratives autour de métropoles dont l'Aquitaine pour Bordeaux.
A Bordeaux, construction du pont Saint-Jean (1965) et du pont d'Aquitaine (1967).
Le patrimoine mondial s'enrichit des grottes de Lascaux (1979), de la cathédrale Saint-Front de Périgueux (2002), du canal du Midi (1996), des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle (1998) et du centre-ville de Saint-Emilion (1999). La région développe son attrait touristique et son image du bien manger et du bien-vivre.
De nos jours
Depuis 1986, les membres du Conseil Régional sont élus au suffrage universel. Le mandat est de 4 ans depuis février 2010. Aux côtés du Conseil Régional siège le Comité économique et social depuis 1992. Depuis 2003 la décentralisation s'accentue. Le tourisme continue à se développer. De nombreuses stations balnéaires s'équipent et se modernisent.
La construction du TGV met Paris à 3 heures de Bordeaux, deux lignes sont en cours de travaux : Bordeaux Espagne permettant de relier Bordeaux à la capitale en un peu plus de deux heures, et l'aménagement de la ligne existante au sud de Bordeaux. Une nouvelle autoroute relie Pau à Bordeaux, et la N 10 est devenue une autoroute payante.