Préhistoire et Antiquité à Mont de Marsan
Des fouilles ont révélé que la zone située entre les deux rivières est occupée de façon intermittente depuis le Paléolithique. Les découvertes fortuites des archéologues semblent attester de la présence d'un groupe sans doute important de cultivateurs néolithiques au niveau du castrum médiéval, situé sur le promontoire de la Midouze. La situation du lieu au confluent des rivières est en effet propice à l'implantation de populations.
Des fouilles archéologiques réalisées dans les années 1980 puis dans les années 2000 ont montré une occupation importante à l'âge du bronze. Les très nombreux vestiges de céramiques richement décorées prouvent l'importance de ce secteur sans toutefois nous en donner son rôle (habitats, fermes, lieux de cultes...).
Durant l'occupation romaine, les vestiges deviennent plus abondants. Un bâtiment construit en dur a été fouillé sous le jardin du donjon Lacataye. Son mobilier archéologique est abondant avec un nombre impressionnant de fragments d'amphores des premier et deuxième siècles après J.C.
Sous l'actuel bâtiment du Conseil Général, les fouilles ont aussi confirmé une occupation importante durant le Haut-Empire, avec notamment la présence de fosses dépotoirs de cette période, fosses qui trahissent la présence d'habitats.
Pour le Bas-Empire, les vestiges d'un habitat ont été trouvés dans le quartier de Nonères. Compte tenu de son implantation à la confluence de rivières et des vestiges antiques que l'on y a découverts, il est fort probable que le site de Mont-de-Marsan fut aussi un port fluvial durant la période romaine.
Les fouilles archéologiques des années 1980 et 2000 ont été utiles pour mieux comprendre comment se structurent les vestiges dans l'enceinte de Mont-de-Marsan. En effet, les niveaux archéologiques sont peu profonds et regroupés sur une faible épaisseur (40 cm environ).
On peut aisément comprendre que les constructions antérieures aux années 1980 ont complètement détruit les vestiges archéologiques et donc empêché de mieux connaître l'occupation ancienne de la ville.
Fondation au XIIe siècle
La fondation de Mont-de-Marsan est due à Pierre de Lobanner, vicomte du Marsan, du Tursan et du Gabardan. Jusque-là, les vicomtes étaient basés à Roquefort, plus à l'est, confluent entre deux cours d'eau, la Doulouze et l'Estampon. Intéressé par le confluent de la Midouze, Pierre décide entre 1136 et 1140 d'établir une nouvelle ville sur des terres issues des paroisses de Saint Pierre-du-Mont et de Saint-Genès-des-Vallées.
Il érige d'abord une forteresse, qui prendra plus tard le nom de Château Vieux, à l'emplacement actuel du Théâtre, pour pouvoir contrôler la confluence et lever les taxes sur les marchandises qui circulent sur la Midouze. Il s'assure ainsi de substantiels revenus.
La nouvelle capitale du vicomté prend part à un échange commercial important : céréales et résine descendent de Mont-de-Marsan pour aller vers Bayonne d'où remontent du sel ou des métaux. Pour le vin et l'armagnac, il faudra attendre le XIVe siècle.
Pierre de Lobanner va ensuite faire appel aux habitants de Saint-Pierre et de Saint-Genès pour qu'ils s'établissent autour du nouveau château. Ce sont pour la plupart des serfs auxquels il promet la liberté en contrepartie de leur concours à sa défense. À cette époque, Saint-Pierre-du-Mont se vide de sa substance, tout comme les environs.
Ces terres dépendent alors, tant spirituellement que temporellement, de la puissante abbaye de Saint-Sever. Aussi, Pierre de Lobanner accorde-t-il à l'abbaye le droit d'ériger une église et un prieuré bénédictin dans sa nouvelle ville afin d'apaiser la grogne de l'abbé. La première église montoise est ainsi bâtie à l'emplacement de l'actuelle église de la Madeleine.
Mont-de-Marsan se développe très rapidement, notamment vers le nord-est. Au XIIIe siècle, des murailles en pierres coquillères entourent une ville déjà bien peuplée. L'aménagement d'un débarcadère et d'un pont sur le Midou, au pied même du château, entraîne l'apparition d'un bourg sur la rive opposée. On distingue alors le bourg vieux entre Douze et Midou, de type castelnau, et le bourg de la fontaine plus au sud, du côté de l'actuelle mairie.
Le port de Mont-de-Marsan s'établit plus loin, sur la rive gauche de la Midouze. Il connaît un développement rapide grâce à la position stratégique de la ville, à la limite de la Haute Lande, de la Chalosse et de l'Armagnac, entre Bayonne et Toulouse, Pau et Bordeaux. Ainsi, Mont-de-Marsan constitue une sorte de verrou entre toutes ces villes.
Un nouveau quartier se développe autour du nouveau port. S'y installe notamment le couvent des Cordeliers vers 1260. Ce quartier est lui aussi entouré de murailles percées de portes donnant accès aux routes d'Aire-sur-l'Adour, Saint-Sever et Tartas. Le couvent de sainte Claire ou des Clarisses, installé à Beyries en 1256, est transféré à Mont-de-Marsan en 1275 non loin du Château Vieux.
En un peu plus d'un siècle, une véritable ville est née, le long de trois axes. Elle prend par conséquent un caractère triple : défensif, portuaire et religieux.
Moyen Âge et Guerre de Cent Ans
Aliénor d'Aquitaine apporte le duché d'Aquitaine en dot en 1152 à son mari Henri Plantagenêt, qui devient Henri II d'Angleterre en 1154. Mont-de-Marsan passe ainsi sous domination anglaise pendant près de trois siècles, jusqu'en 1441. La population trouve refuge derrière les murailles de la cité durant les troubles liés à la guerre de Cent Ans, pendant que s’élèvent des bastides dans les environs.
Durant cette période, la ville de Mont-de-Marsan s'érige en forteresse. Elle passe sous domination de la maison de Foix-Béarn au XIIIe siècle. En 1344, Gaston Phœbus, vicomte de Marsan, fait restaurer le château Nolibos et renforce les fortifications et défenses de la ville. La cité connaît ensuite peu de transformations du XIVe au XVIIe siècle.
La domination anglaise entraîne une singulière tradition, qui veut que chaque nouveau maire aille prêter serment en l'église de Saint-Pierre-du-Mont avant de prendre ses fonctions. Cette pratique perdure cinq siècles, pour prendre fin à la Révolution française.
Centre commercial important de Guyenne, la ville écoule vers le port de Bayonne les produits de l'arrière-pays (céréales et vins d'Armagnac notamment) durant tout le Moyen Âge et l'Ancien Régime. Le développement du trafic fluvial assure la prospérité des bateliers, organisés en confréries.
La navigation se fait sur des gabares, barques à fond plat localement appelées « galupes ». La ville est en rivalité quasi constante avec les autres cités commerciales, notamment Dax.
Des guerres de religion à la Révolution française
En 1517, le Marsan est rattaché au domaine de la famille d'Albret, bordant la vicomté à l'ouest. Cette famille règne alors sur la Navarre. Possession de Jeanne d'Albret (convertie au calvinisme en 1560), puis de son fils Henri III de Navarre, le futur roi Henri IV de France, la ville devient une place forte protestante.
Elle se trouve totalement engagée dans les conflits armés opposant, à partie de 1560 en Gascogne, catholiques et réformés. Blaise de Monluc s'en empare le 16 mai 1569, avant que les troupes huguenotes menées par Montgomery ne la reconquièrent en 1577. De continuels assauts s'ensuivent, la ville passe ainsi de mains en mains.
Un décret tente de mettre fin à cette situation, mais sans résultat. Les faubourgs de la ville sont détruits ainsi que le couvent des Clarisses, situé depuis le XIIIe siècle près de la porte de Roquefort.
Henri III de Navarre, dans sa conquête du pouvoir, entre en vainqueur en ville le 22 novembre 1583. Il adresse aux habitants une injonction qui ouvre la voie à une période de prospérité économique. Jusqu'en 1586, il fait construire des bastions fortifiés, les « Tenailles », protégeant les accès à l'est de la ville. Devenu le roi Henri IV de France, il réunit la ville à la couronne, en 1607.
Les guerres de religion achevées, la parure militaire de la ville devient inutile. Richelieu, prétextant des troubles, fait raser en 1622 une partie du Château Vieux et le château Nolibos. Seuls subsistent aujourd'hui de ces fortifications quelques pans des anciennes murailles ainsi qu'une maison forte rue Maubec et une autre, appelée « donjon Lacataye », ancien poste d'observation. La ville est à nouveau envahie pendant la Fronde, conséquence de son ralliement aux princes félons et de sa rébellion en 1653.
Au cours du XVIIe siècle, plusieurs couvents s'installent : les Clarisses, les Ursulines, les Barnabites, qui seront tous à leur tour rasés. La ville garde une place éminente comme marché aux vins, eaux-de-vie d'Armagnac et céréales : en 1654, Mont-de-Marsan est encore considérée comme le grenier de la Basse-Guyenne.
En 1777 est accordée l'autorisation de démolir les portes de la ville, et en 1809, on abattra définitivement les restes du Château Vieux. Tous ces travaux ont pour conséquence d'aérer les accès et de faciliter la traversée de la ville.
Naissance et essor d'une préfecture (1789 - 1945)
Le 12 janvier 1790 prend effet la création du département des Landes suivant un découpage englobant des régions hétérogènes. Un décret de l'Assemblée Constituante fait de Mont-de-Marsan le chef-lieu de ce département, au détriment de Dax, Saint-Sever et Tartas. Grâce à la détermination du député Dufau, la ville fut donc désignée mais l'Assemblée prévit d'abord une alternance avec Dax, siège de l'épiscopat landais. En réalité, cette alternance n'a jamais eu lieu.
Mont-Marat, nom que prend la ville sous la Révolution, n'est encore qu'une ville de campagne. Il faut rapidement y construire de nouveaux bâtiments pour accueillir l'administration. Ainsi, au cours du XIXe siècle, la cité se transforme complètement en se dépouillant de son aspect de ville forte. Les grands chantiers s'enchaînent dans le sillon de l'actuelle rue Victor Hugo : construction simultanée du palais de justice et de la prison de Mont-de-Marsan, construction de la Préfecture des Landes.
Après que l'ancienne église du XIVe siècle s'est effondrée, l'église de la Madeleine s'élève en 1830, suivant un style néoclassique. Ailleurs, dans la ville, on refait les ponts et on commence la percée des boulevards. Mont-de-Marsan bénéficie du développement du réseau routier et de l'ouverture de voies ferrées.
En 1866, l'annexion des communes de Saint-Jean-d'Août-et-Nonères, Saint-Médard et d'une partie du territoire de Saint-Pierre-du-Mont augmente considérablement la superficie de la ville. La même année est inauguré le lycée Victor-Duruy.
Après 1860 et l'implantation de la forêt des Landes voulue par l'Empereur Napoléon III, les activités liées au bois s'ajoutent à celles du port. De riches négociants s'installent et font bâtir plusieurs hôtels particuliers sur la place du Commerce (l'actuelle place Pancaut). Mais dès le début du XXe siècle, l'activité portuaire ralentit puis disparaît totalement en 1903.
Avant-guerre, sous le mandat de Jean Larrieu, maire de la ville de 1932 à 1944, sont réalisés les premiers pavillons du centre hospitalier Layné, des groupes scolaires ainsi que l'agrandissement des arènes du Plumaçon (édifiées en 1889).
Durant la Seconde Guerre Mondiale, la ville, occupée par l'armée allemande à partir du 28 juin 1940, est traversée par la ligne de démarcation. L'armée d'occupation réquisitionne la plateforme aérienne, et en fait la plus importante base de la Luftwaffe dans le Sud-Ouest de la France. Le 27 mars 1944, les installations militaires sont bombardées par une cinquantaine d'avions anglo-américains. Les dégâts collatéraux entraînent la mort de 12 civils, on compte également quinze blessés. La ville est finalement libérée le 21 août 1944.
De nos jours
En 1946, s'installe le Centre d'expériences aériennes militaires (base aérienne 118), donnant un nouvel essor à la cité montoise. La population augmente rapidement, ce qui permet l'édification de premiers centres commerciaux.
Une politique d'urbanisation à l'horizontale, due à la volonté du maire Charles Lamarque-Cando (1962 - 1983), fondateur des Castors Landais, modifie considérablement l'aspect de la commune à partir de 1962, faisant reculer sans cesse les limites de la forêt de pins au profit de nouveaux quartiers. S'étend sur la partie Est de l'agglomération un vaste ensemble résidentiel aisé qui ne cesse de grignoter de nouvelles terres du fait de la rurbanisation.
Le conseil général des Landes s'installe le 6 décembre 1975 dans la Maison Planté, rue Victor Hugo. Construite sous le Second Empire, elle est d'abord la propriété d'Adolphe Marrast, conseiller général d'alors, qui la lègue à son neveu, le pianiste Francis Planté, qui s'installe dès lors dans la capitale landaise, avant de finir sa vie à Saint-Avit.
Durant les années 2000, la ville sombre quelque peu dans le déclin. Le centre-ville souffre alors de dépeuplement avec une offre commerciale qui se maintient péniblement à l'instar des Nouvelles Galeries, le grand magasin emblématique du centre montois qui, après trois générations de propriétaires, ferme définitivement ses portes en mars 2008 suite à des problèmes liés aux normes de sécurité. Les quartiers populaires du Peyrouat et de Fabres restent quant à eux relativement défavorisés.
De nouvelles politiques tentent de mettre fin à ces tendances : le programme Cœur de ville lancé en 2009 entend redynamiser le centre en ravalant les façades et en soutenant le commerce et l'habitat tandis que le quartier Nord (Peyrouat) fait actuellement l'objet d'une transformation, dans le cadre d'un ANRU et d'une ZAC, en éco-quartier entièrement réaménagé (destruction des immeubles vétustes, création d'une voie verte et du concept de « Bois habité », mise en place du chauffage par géothermie, nouveau pôle éducatif...). Le programme court jusqu'en 2018 pour les dernières touches sur les espaces verts et la circulation notamment.
Par ailleurs, on constate depuis le début des années 2010 une dynamique qui tend à changer le visage de la ville et à la rendre plus agréable et surtout, plus attractive. L'arrivée de l'autoroute A65 mettant Mont-de-Marsan à une heure de route des trois grandes villes que sont Bordeaux, Pau et Bayonne, et celle annoncée de la LGV donnent un nouveau souffle aux projets publics et privés qui se multiplient.