Vignoble de Savoie Haute--Savoie Ain Isère
Le vignoble de Savoie est une région viticole française. Elle s'étend essentiellement sur les départements de la Savoie (28 communes) et de la Haute-Savoie (24 communes), plus deux communes de l'Ain (Corbonod et Seyssel) et une de l'Isère (Chapareillan)
Histoire
Période antique
La vigne est présente depuis longtemps dans les Alpes, comme en témoignent les pépins de raisins fossilisés retrouvés lors de fouilles archéologiques dans les sites lacustres datant du Néolithique.
Les plus anciens témoignages de vinification sur ce versant des Alpes sont postérieurs à la conquête romaine, et surtout plus au sud. Strabon vante les qualités des Allobroges qui, expliqua-t-il « tournent désormais vers l'agriculture l'application qu'ils avaient donné, jusque là, aux choses de la guerre5. ». Dans le courant du Ier siècle, ces Celtes avaient sélectionné un cépage nouveau, le vitis allobrogica6, capable de résister aux conditions climatiques alpines. Son vin entra dans l'histoire à l'époque d'Auguste et Columelle lui donna le qualificatif de vinum picatum, c'est-à-dire de vin poissé5. Résultat sans doute de son passage dans des tonneaux aux douelles de sapin ou de mélèze7. Pline l'Ancien nous a décrit ses crus, le sotanum, le taburnum et l'ellicum8.
Ils étaient commercialisés à partir de la colonie romaine de Vienna, ce qui permit à Martial de chanter et célébrer les vins de « Vienne-la-Vineuse »7. S'il ne nous est rien dit sur le mode de conduite de l’allobrogica, on sait que ce cépage était cultivé jusqu'à Burgum, l'actuel Bourg-Saint-Andéol9. Or, les récentes fouilles de la ligne TGV ont permis aux archéologues d'identifier le site proche des Girardes à Lapalud, des fosses alignées, datées du Haut Empire, où avait été faite une plantation viticole sur hautains10.
Période médiévale
Après la chute de l'Empire romain, c'est l'Église qui fait survivre la viticulture savoyarde à travers ses besoins en vin de messe. Dès le XIe siècle, les moines plantent la vigne « en crosse », c'est-à-dire sur arbre mort11.
Durant tout le Moyen Âge et jusqu'au rattachement de la Savoie à la France, les « albergataires », ou métayers, dans le cas de plantation nouvelle ou de renouvellement d'une ancienne vigne, s'obligeaient contractuellement avec le bailleur. Celui-ci payait le défonçage du sol, l'engrais et les échalas ; le baillé avait à sa charge la plantation des hautains et l'entretien général des vignes12.
Période moderne
De très nombreux villages de Savoie, à l'exception de ceux aux terroirs et aux climats vraiment les plus inappropriés, plantent alors des vignes. La majorité de cette production locale était de qualité médiocre avec des vins souvent mal vinifiés, âpre au goût et de faible degré en alcool, mais qui trouvait cependant pour les boire une clientèle paysanne et ouvrière peu difficile.
La plus grande extension du vignoble se fit entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle. Initialement implanté sur les coteaux les plus ensoleillés, il descendit vers les plaines. Et dans ces bas-fonds, pour préserver les ceps du gel, les hautains prirent encore plus de hauteur, avec l'obligation de mettre les premières grappes à 1,50 ou 2 mètres du sol12. Ce qui permit de comptabiliser, en 1768, 9 000 hectares de vignes, toutes sur treilles ou sur hautains, dont la majorité n'était apte qu'à fournir un « vin de laboureur », verdelet à souhait13. Profitant d'un plus gros rendement, le double que les vignes sur échalas, ils étaient dits « verts, acides, mais sains et désaltérants14. ».
Période contemporaine
En 1816, André Jullien, lors de son séjour en Savoie pour rédiger sa Topographie de tous les vignobles connus, constate :
« La variété des expositions, les différentes espèces de cépages que l'on réunit dans la même vigne, et surtout les ceps hautains que l'on rencontre dans beaucoup de cantons, occasionnent de grandes dissemblances dans la qualité des produits. et tandis que quelques vignobles donnent de forts bons vins, beaucoup d'autres ne produisent que de très basse qualité15. »
Au milieu du XIXe siècle, ces vins surets étaient produits sur près de 3 000 hectares, dont 2 000 dans le département de Savoie, soit le quart du vignoble14. Cette situation perdura jusqu'à l'apparition du phylloxéra et la reconstitution d'un nouveau vignoble15. La conduite en hautain ne se retrouve plus aujourd'hui qu'en Chautagne pour une partie seulement du vignoble, la quasi totalité étant palissée sur fil de fer à une hauteur de 1,20 mètre14. Ce reliquat de la vieille technique ne concernent que des vignes de gamay16.
Toujours au milieu du XIXe siècle, mais en Haute-Savoie cette fois, la commune d'Évian avait 70 hectares et son canton 455 hectares de vignes. Le cépage cultivé était le chasselas ; il était conduit pour moitié en vignes basses avec un rendement de 40 à 50 hl/ha. L'autre moitié poussait sur « crosses de châtaignier » avec des rendements qui s'élevaient entre 80 et 120 hl/ha17. Jusqu'au début du XXe siècle, la ville s'était fait une renommée pour ses vins autant que pour ses eaux. Ils avaient impressionné le docteur Jules Guyot, qui les goûta en 1868 et commenta18 :
« Les vins des crosses d'Évian sont blancs, légers et ils sont aussi sains qu'agréables... Les habitants préfèrent beaucoup leurs vins à leurs eaux qui sont pourtant des plus séduisantes17. »
Il a laissé une description des crosses, constituées par de grands arbres avec toutes leurs branches montant jusqu'à 8 à 12 mètres de haut et dont le tronc de 30 à 50 cm de diamètre avait été tout écorcé18. Il précisait même que les raisins du bas mûrissaient les premiers, entre six à neuf jours plus tôt que ceux du haut17. Aujourd'hui, il ne reste qu'une centaine de crosses sur le territoire de Marin et le vignoble d'Évian-les-Bains est classé en vin de Pays des Allobroges19.
La plupart de ces mauvaises vignes ont disparu définitivement avec l'arrivée du phylloxera dès la fin du XIXe siècle, mais surtout avec l'arrivée du chemin de fer qui permit d'importer massivement du Midi de la France des vins bon marché et de bien meilleure qualité alcoolique que les petites piquettes locales. Même si pendant quelque temps les raisins et les vins du Midi furent utilisés pour faire du coupage afin d'améliorer la qualité, seuls les meilleurs terroirs survécurent en améliorant leur qualité propre et en se greffant sur des pieds américains.
Les crus de Seyssel (communes de Seyssel (Ain), Seyssel (Haute-Savoie) et Corbonod) et de Crépy (Ballaison, Douvaine et Loisin) sont distingués dès 1942 pour celui de Seyssel (décret du 11 février 1942) et 1948 pour celui de Crépy (décret du 29 avril 1948). En 1957, les vins de Savoie obtiennent la reconnaissance comme VDQS, puis en 1973 ils sont classés AOC (décrets du 4 septembre 1973 et du 21 avril 1989).
Situation géographique
La Savoie viticole n'est pas faite d'un vignoble d'un seul tenant, mais d'un grand nombre d'îlots de viticulture, sélectionnés selon la qualité du sol et surtout de l'ensoleillement.
Géologie
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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021