Provence Histoire

Histoire

Les arènes de cimiez à NiceHistoriquement, après la fin de l'empire romain, Provence désigne l'entité incluse en 536 dans le Royaume franc et devenue marquisat de Provence dans le cadre du royaume de Bourgogne-Provence de 947. Elle devient ensuite comté de Provence, avec pour capitale Aix-en-Provence mais des frontières fluctuantes : en 1388, à la suite de la mort de la reine Jeanne, ses territoires situés à l'est du Var sont perdus, rattachés aux États de Savoie par la Dédition, aboutissant au comté de Nice à partir de 1526. Un siècle plus tard, en 1481, le comté de Provence revient par succession au roi de France Louis XI : il devient ainsi une province royale française. À cette date, l'actuel département des Hautes-Alpes fait partie de la province française du Dauphiné. Quant au Comtat Venaissin, il relève de la papauté à partir de 1274 ainsi qu'Avignon à partir de 1348 avant de revenir à la France en 1791.

Au Moyen Âge, la Provence englobait donc les Alpes du Sud jusqu'aux affluents de rive gauche du Var inclus. L'histoire en a détaché une partie de ses régions alpines : au nord celle englobée dans la province française du Dauphiné et à l'est celle du pays niçois concédé à la Maison de Savoie en 1388 dans le cadre des « Terres-Neuves de Provence », devenant division administrative du comté de Nice de 1526 à 1860. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la création de la région administrative Provence-Alpes-Côte d'Azur a rétabli plus ou moins l'espace initial de la grande Provence médiévale, avec les Hautes-Alpes et le Pays Niçois.

Divisions administratives

Les départements issus de l'ancien comté (annexé à la France par Louis XI) et ancienne province royale française ainsi que la partie sud-est du Dauphiné (actuel département des Hautes-Alpes) furent inclus dans la région administrative de Provence-Alpes-Côte d'Azur qui recouvre les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Hautes-Alpes, des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône, du Var et de Vaucluse.

Le relief est globalement vallonné avec des Préalpes impressionnantes dans sa partie centrale et la chaîne des Alpes du sud à l'est et au nord-est (culminant à 3 412 m à l'Aiguille de Chambeyron - Alpes-de-Haute-Provence). Plus au sud et à l'est, situé à cheval sur les départements des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute-Provence, se développe le massif frontalier du Mercantour dans le Haut Pays Niçois qui domine à 3 143 m à la Cime du Gélas.

Les plans de Haute-Provence délimitent les préalpes des collines centrales (Plateau de Valensole - Plan de Canjuers - Plateau d'Albion). Parmi les sommets qui ont atteint une renommée internationale, il y a le Mont Ventoux, mondialement connu grâce au Tour de France, la Montagne Sainte-Victoire, que Cézanne a peint sous toutes ces facettes, les Alpilles, que Van Gogh a illustré et le Massif du Luberon, devenu le symbole du tourisme élitiste.

Les côtes de Marseille à Menton sont plutôt escarpées (Calanques - Maures - Esterel - Riviera française). L’érosion due aux orages violents d’été pouvant constituer des ravines assez creusées. L’ouest de la région est marqué par la plaine de la Crau et la Camargue qui constituent les seuls véritables espaces plats de la région provençale.

Antiquité

La Provence Grec

Le littoral provençal a été colonisé par les Grecs : vers 600 av. J.-C., les Phocéens s'installent à Marseille (en grec, Massalia ; en latin, Massilia). Ils essaiment à Nice (Nikaia), Antibes (Antipolis), Hyères (Olbia), Six-Fours (Tauroeis), Arles ainsi que sur certaines parties du littoral languedocien comme à Agde (Agathé)ou au sud de Nîmes. Antérieurement la région était peuplée de Celtes et aussi de Ligures ou Celto-Ligures

La conquête romaine au IIe siècle av. J.-C.

 
  • -181 : Les Massaliotes phocéens de la ville de Marseille et leurs alliés helléno-celtes Cavares de la région de Cavaillon-Avignon-Orange appellent Rome au secours contre les pirates Ligures.
  • -154 : Nice et Antibes assiégées par les Ligures des Alpes Maritimes, expédition d'Opimius.
  • -125/-124 : coalition de tribus celto-ligures (les Salyens) soutenus par les Voconces, Allobroges et Arvernes : le consul Marcus Fulvius Flaccus franchit les Alpes et les vainc. En -123, nouvelle campagne qui se termine par la destruction de l’oppidum d’Entremont.
  • En -123/-122 : fondation d’Aix-en-Provence pour contrôler les Salyens.
  • -122 : le proconsul Domitius Ahenobarbus écrase les Allobroges.
  • -121 : les Volques, à la tête d'un vaste territoire de 24 oppidums accueillent sans résistance les légions de Rome. Nemausa (Nîmes), la ville gallo-romaine est sur le point de naître.
  • -120 : Ahenobarbus en campagne ; on lui attribue la fondation et l’organisation de la Provincia.
  • -117 : début de la construction de la Via Domitia (en l’honneur de Cn. Domitius Ahenobarbus) en direction des Pyrénées. Elle emprunte le tracé d’une ancienne route grecque (la voie héracléenne). Son aménagement est le symbole de la romanisation et apporte un développement des échanges commerciaux.
  • -109/-105 : incursions des peuples germaniques (Cimbres, Teutons, Tigurins, Ambrons) : Marius écrase les Teutons à Pourrières (près d'Aix-en-Provence) (-102) et les Cimbres à Verceil (-101).

Moyen Âge

Au Moyen Âge, ce fut un marquisat, un comté et un royaume.

Haut Moyen Âge

La basse vallée du Rhône connut diverses invasions. Wisigoths et Alains pillèrent de nombreuses cités et descendirent jusqu'à Orange et Avignon. Les Burgondes s'installèrent dans la région en 442, et choisirent Vienne, qui gardait son prestige de grande cité romaine, pour capitale. Avignon marqua la pointe sud de ce royaume.

La stèle des tremaieEn 843, le traité de Verdun donna la Provence à Lothaire Ier. Son fils Charles de Provence en fit le royaume de Provence-Viennois ou de Bourgogne cisjurane, à l'existence éphémère (855-863). Après une période trouble, la Provence fut de nouveau incluse dans le domaine impérial par le traité de Meerssen, pour une brève durée, puisqu'elle échut à la mort de l'empereur Louis II, en 875, au roi de France Charles le Chauve, là aussi pour une courte période. Boson V de Provence, son beau-frère, se fit proclamer roi du deuxième royaume de Provence en 879. Boson fut en lutte avec les Carolingiens. Le fils de Boson, Louis, empereur, confia le gouvernement de la Provence à Hugues d'Arles, qui le donna à son tour en 934 à Rodolphe II, roi de Bourgogne transjurane. Le nouvel ensemble sera le deuxième royaume de Bourgogne-Provence, aussi appelé Royaume d'Arles. Il subsistera jusqu'en 1032.

Dans les années 880, quelques Sarrasins provenant de l'émirat d'Al-Andalus échouèrent par hasard sur le rivage varois et établirent une base au Fraxinet ou Freinet que l'on situe traditionnellement dans la région de La Garde-Freinet, d'où ils lancèrent des raids, notamment dans la basse Provence orientale. Hugues d'Arles mena deux attaques victorieuses contre eux en 931 et 942 avec l'aide de navires byzantins mais sans pousser l'avantage jusqu'à leur expulsion.

En 947, le bosonide Boson, comte d'Arles fut investi de la Provence. À sa mort, ses deux fils, Guilhem dit le Libérateur (Guillaume Ier) et Roubaud, se partagèrent en indivis le comté, indivision que maintinrent leurs descendants. La branche issue de Guilhem donnera celle des comtes de Provence, celle issue de Roubaud donnera les comtes de Forcalquier, qui se détachera en 1054 (ces derniers sont également appelés marquis de Provence). En 972, à la suite de l'enlèvement de Mayeul, abbé de Cluny, Guillaume Ier et Roubaud, avec l'aide de seigneurs provençaux et du marquis de Turin, « libéra » la Provence des Sarrasins qui depuis le massif des Maures (au-dessus de Saint-Tropez) pillaient la région. Cette campagne militaire contre les Sarrasins obtenue sans les troupes de Conrad, masque en fait une mise au pas de la Provence, de l'aristocratie locale et des communautés urbaines et paysannes qui avaient jusque là toujours refusé la mutation féodale et le pouvoir comtal. Elle permet à Guillaume d'obtenir la suzeraineté de fait de la Provence. Il distribue les terres reconquises à ses vassaux, arbitre les différents et crée ainsi la féodalité provençale. Nommé marquis en 975, Guillaume fait d'Arles sa capitale.

En 1019, Emma, marquise de Provence, se marie à Guillaume III Taillefer, comte de Toulouse, transmettant les droits de la lignée de Roubaud à la maison de Toulouse. En 1112, Douce de Provence, héritière des droits de la ligne de Guilhem, épouse Raimond-Bérenger III, comte de Barcelone, qui devient Raimond-Bérenger Ier de Provence. Les maisons de Toulouse et de Barcelone entrent alors en conflit pour le marquisat. Pour aboutir à un traité en 1125 entre Raymond-Bérenger et Alphonse-Jourdain de Toulouse, qui partagea le comté entre un marquisat au nord de la Durance, donné aux Toulouse, et le comté au sud, donné aux Barcelone qui s'opposent entre 1144 et 1162 à la maison des Baux au cours des guerres Baussenques. En 1193, Alphonse II de Provence épouse Gersande de Forcalquier, ce qui donne naissance au comté de Provence-Forcalquier.

Pendant cette période, le comté d'Orange, vassal de Provence, fut érigé en 1181 en principauté.

Bas Moyen Âge

Le jardin des vestigesEn 1245, meurt Raymond-Bérenger V de Provence, dont les quatre filles sont mariées respectivement : Marguerite à saint Louis, Sancie à Richard de Cornouailles, Éléonore à Henri III, roi d'Angleterre et Béatrix à Charles, comte d'Anjou et du Maine, frère de saint Louis. C'est cette dernière qui reçoit en héritage les deux comtés de Provence et Forcalquier, les transmettant à la première maison capétienne d'Anjou.C'est pourquoi Forcalquier est surnommé « la cité des 4 reines ».

Mais le comté de Provence-Forcalquier fut démembré. Conformément au traité de Meaux-Paris (1229) qui marqua la fin de la croisade des Albigeois, à la mort d'Alphonse de Poitiers, en 1271, le marquisat passe au roi de France Philippe III qui le cède dès 1274 au pape Grégoire X pour devenir le Comtat Venaissin.

En 1388, à la suite des troubles et de la guerre civile qui accompagnent la succession de la reine Jeanne, la ville de Nice et sa viguerie — la division administrative correspondante — la cité de Puget-Théniers et les vallées de la Tinée et de la Vésubie se constituent en Terres Neuves de Provence et se mettent sous la protection de la maison de Savoie, c'est la dédition de Nice à la Savoie. Ces terres prendront le nom de comté de Nice en 1526.

En 1382, à la mort de la reine Jeanne, s'achève la première maison capétienne d'Anjou. Elle avait adopté le frère du roi Louis Ier, fait comte puis duc d'Anjou, fondant, après une période de troubles appelée guerre de l'Union d'Aix, la seconde maison capétienne d'Anjou. Cette dynastie s'achève avec la mort de Charles III du Maine en 1481, léguant ainsi la Provence au roi de France Louis XI, elle est rattachée au domaine royal en 1487.

Renaissance

Accumulant les titres royaux (Naples-Sicile, Jérusalem, Chypre, Acre, Thessalonique, etc.), les comtes se font appeler roi, dont le célèbre roi René, de la seconde maison capétienne d'Anjou.

À l'époque classique, la sagesse populaire clamait que les trois maux de la Provence étaient la Durance, le mistral et le parlement d'Aix.

Elle est néanmoins touchée précocement par les guerres de religion, dont le prélude est le massacre de Mérindol (1545), et qui ont lieu de 1562 à 1598. Au moment du massacre de la Saint-Barthélemy (août-octobre 1572), le gouverneur Sommerive, pourtant catholique intransigeant y empêche le massacre des protestants.

verdon-provenceAprès la mort d’Henri III, une majorité de la France, et notamment la Provence catholique, refuse Henri de Navarre comme roi, car protestant, ce qui déclenche la huitième guerre de religion. Les parlementaires royalistes, minoritaires, s’établissent à Pertuis, en concurrence du Parlement d’Aix. La Ligue prend le pouvoir dans la plupart des villes, et facilite l’entrée du duc de Savoie Charles-Emmanuel en Provence, où le Parlement lui donne les pouvoirs civils et militaires, après sa victoire à Riez (fin 1590). Le duc de Lesdiguières et le duc d’Épernon le battent début 1591 à Esparon et à Vinon, puis à Pontcharra le 17 septembre. Il quitte définitivement la Provence le 30 mars 1592. Le Parlement d’Aix reconnaît Henri IV comme roi légitime après son abjuration, en janvier 1594.

Début juillet 1608, les faubourgs d'Aix-en-Provence furent recouverts d'une pluie de sang. Quelques moines désireux d'exploiter la crédulité humaine n'hésitèrent pas à voir dans cet évènement des influences sataniques. Nicolas-Claude Fabri de Peiresc fit des relevés de cette pluie en recueillant quelques gouttes sur la muraille du cimetière de la cathédrale. Il découvrit que c'était les excréments des papillons qui avaient été observés récemment. Le centre ville n'ayant pas été envahi, il était resté épargné. Cette explication scientifique ne calma pas la terreur populaire.

1720-1722 : la grande peste, partie de Marseille, envahit la Provence et la dévaste ainsi que les États pontificaux (Comtat Venaissin)

Époque moderne

Lors de la Révolution française, la Provence fut divisée en trois départements : Bouches-du-Rhône, Var et Basses-Alpes. En 1793, le Comté de Nice devient Français une première fois, qui donne naissance au département des Alpes-Maritimes avant de repasser sous le contrôle piémontais et sarde. En 1860, à la suite d'un référendum populaire, le rattachement définitif du Comté de Nice à la France revoit la création du département des Alpes-Maritimes qui, cette fois-ci, ampute l'arrondissement de Grasse au département du Var.

Époque contemporaine

  • La Provence et l'histoire du cinéma
  • 15 août1944 : Débarquement en Provence (Opération Dragoon)

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Date de dernière mise à jour : 30/03/2016